LE CORVIDÉ

Les demoiselles en détresse

Tout a débuté avec les demoiselles en détresse : la jeune et belle femme ligotée solidement par un bandit, que le héros doit venir sauver.  J’avais envie d’être la demoiselle, et j’avais envie d’être le bandit.

​Lorsque l’on est très jeune, et que l’on a ces pensées, c’est très facile de se penser malade. De se sentir également très seul. Heureusement, je suis tombée rapidement sur des forums, et de la littérature qui m’ont prouvée que non, je n’étais pas seule.

Les années passant, j’ai persisté à creuser, chercher ce qu’était le BDSM, ses pratiques et ses risques. J’ai expérimenté, comme j’expérimente toujours.

La domination m’offre une paix d’esprit qui me permet d’être centrée sur ce que je fais. L’onde qui me guide est similaire à la création artistique : réconfortante.

Je considèrerai toujours la soumission qu’on m’offre comme un cadeau, un privilège : ça n’est pas donné à tout le monde, et c’est précieux. Que l’on soit un homme, une femme et tout ce qui se trouve entre, et autour.

C’est important d’accepter le pervers en soi.

Le Corps et La Viande.

Beaucoup de gens sont, par contrainte ou choix, bien plus dans leur tête que dans leur propre corps. Les êtres humains ont évolué, migré dans l’enceinte de leur crâne où les membres, la peau et les os ne sont plus qu’une machine qui sert au cerveau à se déplacer ou accomplir ses desseins.

En poussant le corps à ses limites, à des sensations, on parvient à faire sortir la personne de la boîte crânienne qui devient prison : reconnecter avec ses sensations, et, par la même occasion, reconnecter avec sa propre nature.

Nous ne sommes pas de simples créatures dont le corps est séparé de la tête. Nous sommes des animaux, guidés par notre corps, nos pulsions, nos envies : lâcher prise, c’est abandonner la tête.

Lâcher prise, c’est embrasser son corps.

ⓒ Te_viridian

Le Docteur

Pourquoi pas Maîtresse ? Pourquoi pas Maître ? Pourquoi ne pas avoir choisi un honorifique plus courant, plus évocateur ?

​Maîtresse ou Maître, ce sont des titres qui se méritent. Qui nécessitent du temps, de la valeur, de l’investissement des deux faces de cette pièce complexe et précieuse qu’est la relation D/s.

​Docteur est un titre qui a le mérite de ressembler à ce que je fais, et ce que je suis.

Docteur, c’est l’érudit, celui qui prend du temps à rechercher, à apprendre, qui ne parle pas sans savoir. Docteur, c’est celui qui prend soin des autres, qui écoute, qui soigne.

C’est important de soigner le pervers en soi.